L’église sainte Jeanne d’Arc, située au cœur de Rouen et inaugurée en 1979, a été construite avec le cahier des charges suivant :
- remplacer, comme église paroissiale, l’ancienne église saint Vincent littéralement explosée pendant la guerre, frappée en son cœur (et son chœur !) par une bombe,
- permettre la construction dans son environnement du monument national d’hommage à Jeanne d’Arc,
- intégrer les vitraux de saint Vincent, mis à l’abri avant la guerre,
- laisser un espace de marché partiellement couvert,
- offrir un cadre à la statue de Jeanne d’Arc réalisée par REAL DEL SARTE,
- s’intégrer dans le cœur historique de Rouen.
Louis ARRETCHE (1905-1991) fut le lauréat du concours et, tournant résolument le dos à un néo-classicisme ou à un style pseudo normand, il usa audacieusement des techniques et du style contemporain pour bâtir l’édifice que nous pouvons contempler aujourd’hui.
Face à 2000 ans de foi et à des vitraux cinq fois centenaires, l’audace de la voûte et la dynamique des formes offre un cadre du XXème siècle à l’expression de la foi des chrétiens d’aujourd’hui.
Nous le verrons, cette architecture ne laisse pas indifférent et si certains ont dû prendre du temps avant d’apprécier, d’autres la rejettent d’emblée, la plupart s’enthousiasment.
Dressée à coté de l’ancien pilori, mis à jour à la faveur du chantier de construction, la grande croix du monument national d’hommage à Jeanne d’arc se dresse à proximité de l’entrée de l’église.
Au début de la mise en service de l’église , un livre d’or permettait aux visiteurs de laisser leurs impression , vous en trouverez ci-dessous quelques commentaires extraits du livre « courbes et contre-courbes » écrit par le premier curé de Jeanne d’Arc, le père Norbert Prouin.
A votre tour de vous faire une opinion et de vous laisser interpeller par cette architecture peu commune.
Même une athée peut venir partager ce sentiment noble qui est la sérénité. Merci à cette église qui me permet de me retrouver (moi qui me perd si souvent). Lorsque je sortirai d’ici, j’aurai envie de saluer le monde autour de moi et de lui souhaiter la paix.
Aucune dimension sacrée
Aucune grandeur
Tout cela reste essentiellement profane.
En reniant la tradition architecturale
du temple, la religion chrétienne
se suicide définitivement
c’est désespérant.
Toutes les fois que je viens à Rouen,
je ne me lasse pas d’admirer cette réalisation
architecturale dont l’originalité et l’audace
invitent au recueillement et à la priére.
Parmi les nombreuses églises et cathédrales que j’ai eu la chance de visiter, je désespérais de trouver enfin la trace de note siècle dans un endroit voué à Dieu.
« Ô Jeanne sans sépulcre et sans visage, toi qui savais que le tombeau des héros est dans le cœur des vivants ….»
(André MALRAUX)
La voûte aux formes arrondies avec sa charpente en bois rappelle les formes des drakkars vikings.
Très bel exemple : la qualité des vitraux alliés à une structure moderne semble une agréable parabole de l’Eglise d’hier par rapport à celle de demain
(1er prix de Rome)
Cette église a tout le charme des choses que l’on ne croirait jamais rencontrer
Souffle coupé. (Antoine 10 ans)
On se croirait dans le ventre de la baleine
Emmanuel
(écriture d’enfant)
La plus belle église moderne jamais vue ! Où l’art du XVIe rencontre notre art contemporain avec harmonie. La réussite est complète.
Bien que je ne crois pas en Dieu, j’ai trouvé cette église très belle, sobre, claire avec une architecture remarquable.
Vous avez raison de nous rappeler cette vérité : le temple de l’Esprit de Dieu c’est le cœur de l’homme.
Y a-t-il en effet un lieu sacré autre que la personne humaine depuis que Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ ? C’est vrai que la tendance existe toujours de refaire de l’Évangile une religion avec temples, rites et obligations extérieures. Jésus-Christ est venu nous libérer de cela, et nous faire connaître une foi en esprit et vérité.
(…)
Notre église Ste Jeanne d’Arc porte-t-elle ce témoignage? Nous aimerions à cette fin mettre en place l’animation qui convient. Puisse tout homme s’arrêtant ici prendre mieux conscience de sa dignité. Puisse aussi le chrétien se dire il y a ici plus et mieux que cette belle église, il y a moi, qui suis habité par l’Esprit de Dieu.
Merci de nous avoir rappelé cela.
(N.Prouin – courbes et contre-courbes)